Jour 6 – Musées et « Souda »

Hier soir, avant de se coucher, Benji a lu mon article et, pris d’un élan de pitié, il est allé se chercher à manger et m’a rapporté un cookie, YES. On a maté la météo, et noté qu’en ce mardi 27 décembre, il pleuvrait, donc on a réglé le réveil à 10h pour passer une matinée pénarde.

Mardi 27 décembre.

Il pleut beaucoup en effet, on reste au chaud à l’appart’, on fait une petite lessive (fun fact : l’eau de la machine à laver s’écoule ensuite par la douche #recyclage), on se prépare tranquillou et on va bruncher (je pensais jamais utiliser ce mot au premier degré, mais c’est fait) dans un café pas loin de là où on loge.

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Toujours dans une quête de nouveauté, je me prends une sorte de feuilleté que j’imagine être au fromage vu la tronche, mais qui était en fait au THON (2ème fois que je me fais gruger, grr), et un croissant non pas au beurre mais à la saucisse. Ca va, ça passe.

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Devant le musée, une sorte de « vestiaires à parapluies »

Aujourd’hui, comme il pleut, on se cale des visites de musées histoire d’être à l’abri, et c’est le Museum of Modern Art qu’on choisit en premier. Même si je suis toujours assez circonspect face à l’art moderne et contemporaine, j’aime bien aller dans ce genre de musées, pour voir un peu ce qui se fait, et parce que malgré tout, ça offre parfois de belles choses et ça pousse à questionner son rapport au beau et à l’art.

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L’entrée ne coûte que 540Y, soit à peu près 5€, et la visite s’étend sur 3 étages. On commence par le premier, qui est le plus contemporain et à mes yeux, le plus « branlette intellectuelle ». Les monochromes et les trucs minimalistes, c’est pas trop mon délire. Ce qui me fait marrer, c’est les écriteaux à côté des oeuvres qui tentent de les analyser ou de les justifier, comme à côté de cette série de formes géométriques, à droite.

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Mouais, pas convaincu.

Avant d’aller à l’étage, je vais faire un tour aux toilettes, en me disant que les toilettes d’un musées d’art moderne contiendront ptet des oeuvres secrètes. J’me pose tranquillou sur un de ces toilettes technologiques avec siège chauffant, et là, j’entends un type arriver complètement essouflé. Je ne vois rien, bien entendu, puisque je suis dans mon truc individuel, mais je l’entends ouvrir la porte d’à côté, dérouler une tonne de papier toilette et essuyer frénétiquement l’abattant de la cuvette.

Il prononce un truc en japonais, on sent de la panique dans sa voix, il dit un truc genre « Takeshi nan da koto wa », j’trouve ça un peu chelou, mais ce qui est encore plus bizarre, c’est qu’après il se met à avoir des sortes de contractions, enfin j’entends sa respiration très forte, très saccadée, puis il prononce un mot qui restera à jamais gravé dans ma mémoire : « ………Souda ! » avant de lâcher une apocalpyse très sonore à peine 20 centimètres de moi. C’est vraiment hardcore, j’aimerais vous décrire cette symphonie mais je pense que ce blog risquerait d’être censuré.

J’ai l’impression que ça ne va jamais s’arrêter, moi j’suis là à côté, et je sais pas trop quoi faire. Si je fais un bruit, il aura la honte jusqu’à la fin de ses jours, et bon les japonais ils prennent pas le concept de honte à la légère, j’ai pas envie qu’il se foute en l’air pour ça quoi, mais de l’autre, son manège n’en finit pas et si je reste là, je vais finir asphyxié. Pendant ce temps, Benjamin m’attend dehors, et finit par m’envoyer un message sur Facebook, ce qui fait sonner mon téléphone.

Instantanément, le japonais à côté de moi ne fait PLUS UN SEUL BRUIT. Même sa respiration, qui était pourtant si forte, s’arrête. Damn. J’en profite pour tirer la chasse et me barrer illico presto, de peur qu’il ne s’arrête de respirer pour toujours. Je cours vers Ben, lui dit de se barrer au plus vite, un truc du genre « Prends tes affaires et cours vers l’ascenseur, ne pose pas de questions, je t’expliquerai ! » et je lui raconte l’histoire. Ce qui nous intrigue le plus, c’est ce mot prononcé comme une incantation par le japonais : « Suda » ou « Souda ». On vérifie donc dans un dictionnaire, qui nous propose les traductions suivantes :

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Alors soit il a abusé des citrons verts, soit il a utilisé « quitter le nid » comme une métaphore, par contre le store en bambou on n’arrive pas à l’expliquer. J’essaie de me remettre de mes émotions, mais je dois avouer que je n’étais pas très concentré pendant le reste de la visite.

On voit pas mal d’oeuvres inspirées par les impressionnistes français, et comme c’est un mouvement artistique que j’aime beaucoup, j’suis plutôt content. Certaines oeuvres sont vraiment originales, notamment celles d’un artiste qui a fait des peintures de batailles de la guerre 39-45. Dans la plupart des musées que j’ai vu, les peintures de batailles s’arrêtent à l’époque Napoléoniennes, donc c’était assez étonnant de voir une peinture impressionniste d’avions ou de soldats modernes.

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Oeuvre de Kenichi Nakamura

Le dernier étage quant à lui présentait des oeuvres japonaises traditionnelles, représentant des scènes historiques ou mythiques, ou bien juste des paysages fort coquets.

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Ils kiffent peindre sur des paravents on dirait.
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Tant pis, ça sera pour une autre fois

Petit arrêt au magasin du musée où je me procure quelques cartes postales, et on se dirige ensuite vers le jardin impérial du Palais Impérial, juste en face du musée, mais on est accueillis par un japonais nous disant au mégaphone « CLOSED ». Damnède, le jardin ferme à 16h ! Dans ce pays où tout semble ouvert 24/24, ça fait bizarre. Tant pis, on file vers le quartier de Chiyoda-ku où se trouve un musée gratuit étrangement nommé « Intermédiathèque »

Quand on arrive, on voit qu’il y a une poste assez gigantesque, donc on se dit qu’on y trouvera des cartes postales et BANCO, on en trouve. Ce qui m’énerve c’est que les cartes postales sont hyper jolies et ça m’embête un peu de les envoyer, je préfèrerais les garder pour moi hé. M’enfin bon, ça fait toujours zizir d’en recevoir une, donc la mission maintenant, c’est d’acheter des timbres. On se dirige vers un guichet, et Benji tente d’en demander en japonais. La vendeuse le comprend, puis enchaîne avec un « je parle le français un petit peu ! » et hop, on fait le reste de la transaction en français, et elle est très heureuse d’avoir l’opportunité de le pratiquer. Benjamin, lui, est deg, vu qu’il avait fait une phrase complète et tout.

Zou, direction l’Intermédiathèque, étrange musée un peu fourre-tout où se côtoient de veilles machines à écrire et des squelettes de dinosaures, non loin d’une crabe géant ou de statues venues du quai Branly. Pourquoi pas.

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Oui, vous lisez bien « Image de Bouddha »

Comme le ciel se dégage un peu, on va à Ikebukuro, quartier très commerçant où se trouve un « Tokyu Hands » sorte de méga magasin sur 7 étages où je suis censé trouver des souvenirs pour ma famille, mais ça me semble un peu reuch’, puis j’sais pas, moi y’a des trucs que je trouve rigolos, mais j’suis pas sûr que ça leur plaise. S’ils aimaient les mangas ou les jeux vidéo ça serait beaucoup plus simple, hé !

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OMG un Wendy’s ! Ceux qui ont suivi mon périple aux USA savent que j’y passerai certainement d’ici la fin de mon séjour

D’ailleurs, fun fact, on trouve beaucoup plus d’objets estampillés « Snoopy » (super populaire ici on dirait) que de bidules Naruto, qui semble déjà refourgué aux oubliettes.
Petite balade dans le quartier, mais comme il se remet à pleuvoir, on prend refuge dans un Go-Go Curry où on se pète le bide encore une fois. J’ai du mal à finir mon assiette, mais il le faut. On rentre à l’appart, le bide totalement explosé. Pas besoin de réclamer un cookie ce soir.

……..Souda.

15 commentaires

  1. Moi je serai resté à l extérieur des toilettes, avec un « genre discussion avec mon pote » en attendant de voir la tronche du bonhomme… Qui ne s’est pas fait des films sur la tête que peut bien avoir le producteur? Il y a même souvent des grands décalages entre les bruits, les odeurs et la tête des gens concepteurs de des feux d’artifices!

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  2. Dans tous les animés que j’ai vu, quand quelqu’un s’exclame « … sooooda ! » ou quelque chose comme ça, ça veut généralement dire « je vois ! », « c’est ça ! », « c’est bien ça ! », « je comprends ! »
    Je ne parle absolument pas japonais mais ça me semble un peu plus plausible que citron vert ou quitter le nid :p

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  3. Yo ! Fille qui vit au Japon ici !
    J’ai tellement ri à l’anecdote des toilettes. Le pauvre ne s’en est sans doute pas remis ! Le « sou da » peut aussi dire quelque chose comme « c’est ça ». Mais mon japonais est très approximatif alors je ne peux rien promettre.
    Pour les souvenirs je conseille Don Quijote car Tokyu c’est vite très cher ! Et puis c’est à visiter même si on n’y achète rien ! Et encore mieux : le Daiso ! Y’en a à Shibuya et Harajuku, c’est un magasin tout à 100 yen !
    Bon séjour !

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  4. Chez les filles, une telle mésaventure n’aurait peut-être pas eu lieu, puisqu’ils y diffusent souvent une petite musique d’ambiance censée couvrir les bruits inconvenants (mais à mon avis, ils pensent que les filles font caca des confettis, parce que vu le volume, ça couvre pas grand chose^^) – Je me délecte de ton récit : je pars y vivre en février après y avoir fait un petit tour de rien du tout en juillet, je suis morte de trouille !! ^^

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  5. Je crois que vous les attirez, les histoires dans les toilettes, si ma mémoire est bonne, il vous arrive la même chose lors du voyage aux états Unis.
    Sinon, merci pour le blog, je prends beaucoup de plaisir à vous lire, surtout le Japon que je prévoit de faire d’ici quelques temps.
    Continuez bien à nous faire rire.

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  6. nan mais j’ai piqué un fou rire en lisant ton histoire dans les toilettes, nan mais je ris encore sans pouvoir m’arrêter, tu l’as hyper bien raconté c’était génial.
    MERCI pour tout ça , enjoy !

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  7. Si je devais traduire « Takeshi nan da koto wa » puis « Souda », dans ce contexte, je dirais qu’il a sorti quelque chose dans ce genre « Qu’est-ce que c’est ce truc » puis « Oui, c’est ça » avec un soupir de soulagement sûrement xD

    « Souda » est la forme familière de « Sou desu (そうです) », ça doit être pour ça que tu ne l’as pas trouvé dans ton dico ^^

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